Vendredi soir

17 novembre 2015

IMG_2629

Vendredi soir, on n’avait pas trop envie de sortir. On était claqué. Romain s’est mis devant le match de foot avec une bière pendant que je me glissais dans un grand bain chaud. J’y suis restée une vingtaine de minutes, laissant mes pensées naviguer au rythme des nocturnes de Chopin.

Je me souviens qu’à un moment, j’ai souri intérieurement en pensant aux vendredis soirs d’avant. Avec une douce nostalgie. J’ai pensé à mes soirées étudiantes, aux longs apéros en terrasse ou chez des potes et aux concerts bien arrosés. À Rennes, à Lille, à Paris, à New York. À cette insouciance, à ce sentiment particulier qu’est celui de ne pas avoir peur de l’avenir. Depuis quelques mois, avec la grossesse, cette sensation est complètement révolue. Et puis je suis fatiguée, je me traîne, je ne bois pas et j’ai la flemme de prétendre que je suis quand même motivée pour sortir. Je suis là, à passer une partie de mon vendredi soir dans ma baignoire d’eau chaude à écouter du piano.

Et ça me convient par-fai-te-ment ! Qui l’eût cru ? Il y a encore pas si longtemps, il aurait fallu que j’ai 40° de fièvre pour ne pas sortir. Les temps changent… À ce moment-là, je prends conscience qu’au delà de la fatigue et des privations qui vont avec la grossesse, il y a une capacité d’amour dépourvue de limite, qui semble grandir chaque jour et qui est assez difficile à décrire. C’est baignée de ce sentiment de bien-être et d’amour que je suis sortie de ma baignoire, détendue, zen.

Je me souviendrai toujours de ce bain et des réflexions qu’il a suscitées, sans croire un seul instant qu’elles prendraient très rapidement un sens tragique.

Après mon bain, j’ai machinalement pris mon iphone pour scroller bêtement ma timeline instagram. Il n’y avait pas grand-chose de nouveau, « normal on est vendredi soir, les gens sortent et s’amusent, ils sont pas sur leur téléphone à poster des photos ou en peignoir sur leur canap’ à s’apprêter à aller se coucher ».

Du coup, je suis allée sur mon news feed Facebook, ce que je fais rarement, et j’ai vu, à la une, deux amis qui parlaient d’une fusillade pas loin de chez eux. Mon sang n’a fait qu’un tour.

Il y a moins d’un an, avant Charlie, je suis sûre qu’on aurait tous réagi différemment. Mais là, avant même d’aller faire les vérifications de rigueur sur google news, je savais que c’était ni une mauvaise blague, ni une mauvaise interprétation d’un bruit de pétard. La première chose que j’ai faite, loin de ma capitale, c’est d’envoyer des sms à mes proches qui vivent à Paris.

Je n’ai jamais été si heureuse de voir la petite bulle avec les trois petits points s’afficher sur mon écran, preuve qu’ils étaient en train de me répondre et donc que tout allait « bien » pour eux.

S’en sont suivis 2 jours littéralement scotchée à mon écran de télé, à mon iPhone, abasourdie, choquée, tétanisée, révoltée, effondrée.

Comme un mauvais remake de janvier, en pire parce que c’était bien notre génération et notre mode de vie qui ont été violemment ciblés cette fois-ci.

J’ai beaucoup de chance, mes amis vont bien. Mais j’ai quand même le coeur en morceaux.

Tous ces avis de recherche sur twitter, tous ces jolis visages heureux qui sont en quelques heures devenus étrangement familiers…

La plupart se sont transformés en avis de décès, nous arrachant à tous des larmes de colère, en imaginant le chagrin et la douleur de leurs familles et amis.

Des vies brisées au nom de quoi ?

Alors non, je ne #pray pas pour Paris. Je pense à Paris, je pense à toutes les personnes marquées pour toujours par ces événements, par ce cauchemar, par la perte d’un ou plusieurs proches. J’ai eu beaucoup d’espoir pour tous ces visages croisés virtuellement sous la triste bannière d’un hashtag de recherche. Mais je n’ai pas prié car je ne prie pas. Je n’ai jamais prié, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer.

Et même si ma seule foi, celle que j’ai en l’être humain et en sa capacité de raison, pourrait être ébranlée par de telles atrocités, elle demeure, outre la seule au nom de laquelle aucun massacre n’a jamais été perpétré, plus forte que jamais.

Ce week-end, plus que jamais, je me suis pris plein de petits coups de pied dans le ventre. Des petits coups qui me donnaient envie de pleurer, qui me faisaient culpabiliser de communiquer à ce petit être innocent tant d’angoisse et de tristesse. Dans quelques semaines, je vais donner la vie et je n’ai jamais autant tremblé.

J’ai pensé à tous les parents qui avaient perdu un enfant ce week-end, à tous les parents qui ont dû expliquer l’inexplicable à leurs enfants, à tous les enfants qui ont perdu un parent. J’ai eu peur, peur de devoir élever un enfant dans ce monde de merde.

Et puis il y a aussi eu les élans de solidarité, les belles images, les démonstrations d’amour et les leçons de tolérance qui donnent envie de croire que tout n’est pas perdu.

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai vécu un week-end à peu près aussi décousu que ces quelques mots, nombrilistes et sans saveur.

Qu’est-ce qu’on s’en fout de comment j’ai vécu les choses, hein ?

Aujourd’hui, je tape ces mots, ces phrases qui commencent par un « je » qui paraît si tristement égoïste et dérisoire… Je me rend bien compte que c’est nul et au moment où je l’écris je me demande si je vais le publier.

J’aimerais avoir le ton juste pour faire une analyse fine et pertinente comme dans cet article, l’humour de John Oliver lors de son court mais salvateur hommage à notre art de vivre à la française (ici), la naïveté de ce petit bonhomme qui a ému toute la France (ici)…

Je n’ai pas le talent pour faire mieux que ce que je vous livre là. Mon texte n’a pas de sens, il ne sert à rien du tout, mais je me sens mieux de l’écrire.

Bien sûr, je sais que je serai incapable de faire comme si de rien n’était quand demain il faudra reparler de chaussures à talons et de jolis manteaux. Je vais me sentir super con… Ces mots que j’écris servent aussi à ça. À faire la transition. Mais pas seulement. C’est surtout comme si j’essayais de me rendre compte que je suis vivante, et surtout que je ne suis pas la seule.

Nous sommes vivants.

Nous sommes vivants et nous allons nous relever, il le faut.

On va continuer à faire ce qu’on l’on fait de mieux : vivre.

À notre rythme. Reprendre le cours de nos petites vies, en l’honneur de tous ceux qui ont perdu la leur.

On va se remettre au boulot, on va aller boire des coups en terrasse et voir des concerts, on va retrouver le goût à aimer des choses futiles et surtout aimer tout court.

C’est la seule et unique solution pour sortir vainqueurs de cette guerre stupide faite à notre mode de vie.

Continuer à VIVRE.

Continuer à AIMER.

Toutes mes pensées vont à celles et ceux qui ont été touchés ce week-end, aux victimes, à leur famille, à leurs amis.

Prenez soin de vous.

37 commentaires sur “Vendredi soir”

  1. Je ne commenté jamais, mais très bel article, tu l as écris comme tu le ressent et c est le plus important.
    Hier matin en partant travailler je pleurais, depuis vendredi j ai la gorge nouée,j ai peur pour l avenir de ma fille de deux ans.
    Mais pour elle et pour tous les enfants il faut qu on avance et que l on continue à vivre. C est dur mais il le faut.
    Profites de tes dernières semaines de grossesse et encore plus de ton bébé quand il sera là. L amour c est bien ça le plus important. Merci Pauline

  2. Waaaaa Pauline. Je n’ai pas de mots. Ton article est tout bonnement magnifique. Moi-même je songe à me remettre à l’écriture depus ce week-end, car j’ai bien besoin de mettre des mots sur ce qu’il s’est passé. Ce qui m’a énormément touchée… Tu le fais à ma place, et ca me va !

  3. Pauline,

    Depuis vendredi soir, tout est décousu. Et l’écrire ça fait du bien. Je comprends chaque mot comme si j’aurais pu l’écrire… Heureusement et égoïstement mes proches vont tous bien. Mais bien sur, j’ai le cœur en 1000 morceaux depuis vendredi soir. Toutes ces personnes ont été subitement arrachées à la vie pour la simple et unique qu’elles étaient libres et qu’elles profitaient de la vie. La même vie dans laquelle toute notre génération saute à pieds joints des qu’elle en a l’occasion, dès le vendredi soir et même n’importe quel jour de la semaine.
    Et c’est aussi ça qui fait mal… La violence avec laquelle ils ont pris toutes ces vies joyeuses. Et pendant un instant on a peur. J’ai eu peur parce que ça aurait pu être mon mec dans cette fosse, mes copines dans ce Resto, mes potes en train de refaire le monde accoudés à un bar, et puis ça aurait pu être moi…
    Alors pour l’instant, j’ai le cœur en 1000 morceaux. Je pense très fort à toutes ces victimes et leurs proches pour qui pour l’instant le lendemain doit être insurmontable.
    Mais bientôt, je danserai, je chanterai, je fumerai, je boirai, je rirerai, j’aimerai encore plus fort…

    Désolée pour ce petit romain tout aussi décousu mais qui fait du bien.
    Prends soin de toi.

  4. Merci Pauline.
    Je regarde ton blog de temps en temps et je n’écris jamais de commentaires mais j’espère que ce que je vais mettre là va au moins te faire un peu sourire : après un week-end un peu égaré, je suis rentrée chez moi dimanche soir et la seule chose que j’ai eu envie de faire, c’est d’aller regarder des posts de « chaussures à talon et de jolis manteaux ». C’est vrai, c’est futile. Mais quand la télé ou internet nous rappellent H24 que l’horreur existe, ça fait du bien de se perdre quelques instants dans un monde de jolies choses et d’émerveillement. Je ne cherchais pas à oublier ce qui s’était passé, je cherchais juste à penser à autre chose, furtivement. Et ton travail, comme la peinture, la musique, la littérature, le cinéma… Nous permet cette évasion.
    Alors j’espère pouvoir avoir bientôt l’occasion de te relire sur des sujets aussi grandioses et futiles que les tiens et de voir à nouveau tes photos donner des couleurs pimpantes à mon écran.

  5. merci pour tes mots,
    car nous sommes sans mots,
    sans explications, sans repères,
    ma fille, ma femme, mon fils sont choqués,
    les rues sont vides, les cafés sont vides et les boutiques sont vides,
    très, très vides….
    nous sommes toujours sans mots..

  6. Mon coeur est rempli de chagrin….
    J ai eu si peur pour mon fils….
    J ai prie si fort pour les voir ces 2 petits points…. Qui ont mis 2 heures à arriver…
    Prier c est implorer, remercier si fort… Qui quoi.. Je ne sais pas trop.. Mais j ai cru crever de peur…
    Et puis apres ma propre douleur, le choc ..
    La vie de ces familles demolies, pour toujours… À cause d un jour, d une minute… Une seconde prise par ces barbares…
    La colere, la tristesse,…. L incomprehension, la peur, et la vulnerabilite…

    On va se relever, avancer mais il va falloir beaucoup d amour pour y arriver.

    Je t embrasse

    Caroline

  7. Merci pour ce texte. Si je peux me permettre, mais oui je pense que oui, qu’on a besoin de s’exprimer et de dire chacun ce qu’on a sur le coeur… donc… voilà, on va vivre, allez dans des concerts, boire des coups, s’aimer, faire les courses, aller au resto, et pendant ce temps là papi Hollande et uncle Obama vont faire la guerre, c’est ça? La grosse bonne guerre qui dure depuis plus de dix ans au proche orient, qui ravage des milliers de vies et de lieux de vie et sans laquelle l’ « état islamique » n’existerait même pas…
    Pardon. C’est vrai que ça fait du bien de dire les choses.
    Donc en fait je suis tout à fait d’accord, on va continuer et aimer, aimer rire, blaguer, aimer les jolies choses. Mais aimons aussi lire, aimons nous impliquer, écouter des émissions pas forcément commerciales, aimons l’histoire, notre histoire et les historiens qui s’appliquent à l’analyser, aimons parler avec des gens qui viennent d’ailleurs ou qui n’ont pas notre statut social par exemple, aimons réfléchir, nous poser des questions, aimons être courageux, etc…
    Je voulais juste ajouter quelque chose comme ça…vous n’êtes pas obligés de publier mon commentaire de toute façon.

  8. C’est loin d’être con Pauline je trouve au contraire très touchant et très juste ce que tu as écrit. J’ai aussi passé mon week end devant les infos et Twitter a voir comme toi ces visages devant lesquels j’espérais tellement qu’ils soient vivants, que lorsqu’on annonçait que ce n’était plus le cas, c’était un déchirement. Comme si ils étaient devenus des connaissances. Cette tragédie nous touche parce que ça concerne tout le monde. Au moment ou je te parle mon coeur s’emballe au sens littéral, une petite tachycardie? Ce stress surement. Quant a ce stress, évite au maximum les mauvaises ondes afin de te préserver toi et ton bébé a venir.

    gros bisous

    Laura

  9. Bonjour Pauline,
    Ton article est très beau et pas du tout inutile. Au contraire pourvoir mettre des mots sur notre ressenti est important.
    Prends bien soins de toi et profites de ces derniers mois avant l’arrivée de ton baby boy.
    Merci Pauline pour ces mots sincères.
    Biz
    Séverine

  10. Cet article est très bien rédigé, on a tous ressenti ce sentiment d’incompréhension et de tristesse. J’imagine que ton futur rôle de maman doit accentuer tes émotions, il faut être fière de donner la vie et d’élever ton enfant dans l’amour et la joie. Notre mission et de créer des familles en élevant nos enfants de la meilleure des manières pour leur transmettre toutes les valeurs essentielles. Amour, respect et tolérance.

    Merci pour ce joli texte ! Bisou

  11. Pour les attentats de janvier, j’étais dans ta situation, bon, un peu moins avancée dans la grossesse mais je m’étais fait exactement les mêmes réflexions que toi… Quel monde attend mon enfant ? C’était vraiment très dur, j’ai mis pas mal de temps à réussir à penser à autre chose, à passer par dessus, ça m’a marquée. Et puis, vendredi, le choc, comme toi, l’impression de revivre tout ça (en pire), bloquée sur bfm, à rafraîchir encore et encore mon feed sur twitter. Ma fille était déjà couchée. Impossible de dormir, même dans mon lit, je ne pouvais m’empêcher de vérifier les infos… Et puis le samedi matin, comme tous les matins, ma poupée s’est réveillée, je l’ai regardée et comme tous les matins (ou presque ^^), elle m’a fait un immense sourire, a commencé à babiller, et comme ça, la vie a repris son cours, facile (bon, pas si facile que ça en réalité, bien sûr, mais ça aide vraiment beaucoup). Petite illustration sur laquelle je suis tombée hier et qui te parlera sûrement dans quelques semaines : https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/hphotos-xpf1/v/t1.0-9/12208347_1327584830601037_7733381020582365742_n.jpg?oh=92a9ea6250a3b5ded6bcdcec0247575a&oe=56F43DD6
    Bisous Pauline, profite bien de ces dernières semaines, profite de tout, à fond, ça passe tellement vite !!! (et +1 pour le « non je ne #pray pas pour Paris », pas besoin de prier pour y penser très très fort !)

  12. Des textes on en a lu beaucoup ces derniers jours, on a même été assailli par des coups de gueules, des coups de sang, des coups d’amour, mais je dois dire que le tien m’a particulièrement émue.
    Alors oui on a tous un peu le cœur au bord des yeux en ce moment et les quelques larmes que j’ai versé en te lisant sont aussi dues à cette hyper sensibilité ambiante, mais merci. Merci de ton humilité face à cette tragédie, merci pour ces mots doux remplis d’amour et de bienveillance et merci d’avoir su parler de tout ça avec autant de pudeur.
    <3

  13. J’ai essayée comme toi de mettre des mots à ma douleur et c’est ce qui m’a décidé à ouvrir un blog et à écrire.

    Vivre et s’exprimer, c’est finalement mon hommage personnel à ces personnes que l’on a perdu vendredi…

    J’espère pouvoir m’exprimer aussi bien que toi dans mes prochains articles et profiter de cette chance.

    Un merci chaleureux.

  14. Coucou Pauline,

    Tu as raison d’écrire ce que tu ressens.
    Enceinte on se pose déjà 1001 questions, mais alors avec tout ce qui se passe en ce moment… Moi aussi je me demande quel monde je vais laisser à mon (grand) garçon de 6 ans qui commence à comprendre certaines choses, à avoir peur, surtout pour son tonton et sa tata qui vivent à Paris…
    Pas facile quand nous même on est triste de les rassurer!

    Mais quand je l’embrasse le soir en secret quand il dort, mon cœur se gonfle à nouveau d’un amour inconditionnel prêt à exploser et c’est ça l’essentiel! Tout cet amour que vous allez donner sans rien attendre en retour à votre bébé!
    Tout ça tu vas bientôt le vivre et les petits coups de pieds dans le bidon, ça veut déjà dire « allé maman ça va aller je suis là! »

    Prends soin de toi.

    Bisous

  15. Merci pour cet article plein d’émotion. Je n’ai jamais commenté ton blog mais j’ai ressenti le besoin pour cet article. Je suis maman d’une petite fille de 14 mois et je comprend totalement ton désarroi et ta peur de l’élever dans ce monde de merde comme tu le défini si bien. Ma plus grande peur va pour ma fille, son avenir, sa liberté , sa vie. Quand on devient parent notre bébé devient le centre de notre vie, on pense d’abord à lui avant de penser à nous.
    Bon courage pour la fin de ta grossesse.
    <3

  16. Merci Pauline pour cet article, qui me fait vraiment du bien! J’ai presque l’impression que c’est moi qui l’ai écrit… Moi aussi je suis enceinte en ce moment. Comme toi, depuis la grossesse je repense souvent avec un sourire à ma vie d’ « avant », quand je sortais boire des verres dans mon quartier avec mes amis et voisins… Mon quartier est justement celui des attaques de vendredi. La plupart de mes proches mènent toujours la vie que je menais avant la grossesse, certains étaient donc rue Bichat, d’autres rue de Charonne, l’un d’eux était même au Bataclan. Ils sont tous vivants. Mais moi aussi je me demande dans quel monde (et dans quelle ville?) nous allons élever notre bébé mon chéri et moi…

  17. Je suis maman de deux jeunes enfants et évidemment ton message me touche profondément….
    j’ai deux amies proches enceintes en ce moment et ‘jai également bien pensé à elles ce week end
    et puis j’ai envie de dire que tu as tout dit, oui l’horreur mais tellement de jolies choses aussi….
    alors il va falloir continuer à avancer, un peu bancal au début, et puis on se relèvera…comme l’ont fait tous ces gens avant nous….

    gros bisous et prends bien soin de toi

  18. Bonjour Pauline,

    Je trouve que ton article n’est absolument pas inutile et est bien écrit. C’est d’ailleurs surtout pour ta plume que je suis ton blog! C’est peut être étonnant pour un blog mode mais c’est comme ça 🙂

    Depuis vendredi, je suis rassurée de savoir que mes proches vont bien et j’ai pris le temps de les serrer fort dans mes bras. En revanche, ce qui me terrifie c’est de voir que tout le monde connaît quelqu’un qui : a perdu un ami, un collègue, a assisté à une fusillade…
    Je viens d’apprendre qu’une personne que je côtoyais fait partie des victimes. Certes ce n’est pas quelqu’un de proche puisque je viens seulement de l’apprendre mais ça me touche car nous nous étions croisés. Ce genre de degré de séparation peut faire sourire dans certains contextes, par exemple quand on dit : « Je connais quelqu’un qui est vaguement ami avec telle ou telle célébrité. » On se vante un peu mais ça fait rire car on a peu de chance de vraiment rencontrer cette fameuse personne connue. En revanche, aujourd’hui on se rend compte qu’à finalement peu de choses près on aurait pu faire partie des victimes. Ça touche notre quotidien.
    Il y a une ambiance quelque peu anxiogène à Paris en ce moment.
    Et malgré tout ça, moi j’ai envie de croquer la vie à pleine dents. De me faire plaisir, de ne pas attendre demain pour en profiter. J’ai envie de légèreté, de voir comme une personne l’a dit plus haut, des photos de chaussures et de belles tenues 🙂
    Je te souhaite plein de bonheur avec ton bébé et comme l’a dit le papa du petit garçon qui a fait le tour du web : « il y a des méchants partout. » Oui malheureusement mais ce n’est pas pour ça qu’on va les laisser gagner.

  19. Non tu n’es pas nombriliste et ton article est le bienvenu.
    Il est important pour toi, pour nous, de t exprimer et de comprendre comment tu l’as vécu.
    Cela fait du bien a tout le monde, du moins ça me fait du bien, de voir ta réaction surtout enceinte je pense que j’aurais été en panique!

    J’ai eu mal au Coeur, au ventre et pour mon pays durant 2 bonnes journées puis je ne vais pas dire que j’ai oublié mais j’ai pensé aux victimes et au fait qu’elles étaient sorties pour faire la fête et passer un bon moment entre amis. Pour les honorer et montrer a ces barbares que la France et les Français est plus forte et assument ses valeurs je me suis dit qu’il fallait avancer, profiter de la vie, de nos amis et continuer à vivre comme ces personnes décédées ou blessées le faisaient
    Je n’ai pas eu de perte de mon côté donc effectivement c’est peut être facile à dire et à appliquer mais je suis sincèrement convaincue qu’il faut avancer sans oublier. Cette semaine je suis sortie, je suis allee en terrasse, j’ai photographié notre belle tout Eiffel et j’ai pensé à eux, à l’avenir et j’ai souri…

  20. Bonjour Pauline, 1ère fois que je commente depuis que je te suis, mais je tenais à saluer ton courage. De nombreux blogs reste silencieux et je trouve cela terriblement dommage. Merci à toi de ce très beau message dans lequel nous nous reconnaissons tous. Prends bien soin de toi Stéphanie

  21. Merci Pauline, tu m’as redonné le courage d’ouvrir mon carnet et d’écrire ce qui tourne en boucle dans ma tête depuis vendredi. Il ne faudrait jamais repousser le besoin de poser sur papier ses ressentis ou émotions(ou clavier…) quand il survient !

    Parfois, souvent, j’aurais envie d’avoir la Pensine de Dumbledore, ce petit recipient qui permet d’y faire reposer ses idées et pensées, afin de les récupérer au moment voulu, à froid, le coup de l’émotion passé et avec plus de recul !

    Merci, prend soin de toi et de babyboy. Et au plaisir de relire des articles plus « futiles » !

    (Au cas où, pour encore plus de John Oliver, il faut regarder Community, cette série délicieusement loufoque où il se transforme en prof de second choix!).

  22. Merci Pauline pour ces mots qui font du bien. Je suis catastrophée depuis une semaine.
    Je me demandais comment tu allais reprendre le travail, et je me doutais un peu que tu allais faire un magnifique texte comme tu l’avais fait pour Charlie Hebdo. D’ailleurs , ton texte n’est pas du tout nombriliste. Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait pendant des horreurs pareils, et ça fait du bien d’écrire , ça vide .

    Mais la vie continue, et il faut se battre , montrer qu’on est toujours là .

    Prends bien soin de toi et de ton baby boy 🙂

    Léa

  23. C’est vraiment agréable de te lire… Tu as peut-être l’impression de paraitre égoïste, je en trouve pas et je trouve que tu t’exprimes bien, donc on n’a pas l’impression que tu ne parles que de toi… Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.
    Et enfin quelqu’un qui dit cela pour la prière pour Paris, je l’ai vu partout, sur tous les réseaux sociaux, par des gens qui ne prient jamais mais c’est toujours pareil de toute façon, à chaque chose qui se passe on voit des prayfor alors que ce qu’il faut plus que les prières c’est les pensées (enfin pour les croyants et ceux qui prient en général, c’est des prières mais je m’exprime mal)
    Bisous xxx

    http://glittersandfashion.wordpress.com

  24. Pauline,
    Je suis la maman de Kevin et Marion et c’est Kevin qui m’a parlé de ton texte ce midi (en m’annonçant par la même occasion que vous alliez avoir un babyboy,Roums et toi)
    Je suis allée le chercher, ce texte, et j’ai bien fait… C’est magnifique et très émouvant…
    Je vous souhaite plein plein plein de bonheur avec Kiwi… Moi je suis folle de baby Charlie… Et je vous embrasse fort …

  25. Tombée ici par hasard, tes mots m’ont touchée. Je suis Maman d’une petite fille de 6 mois et beaucoup de larmes ont coulé sur mes joues depuis ce vendredi noir… pourtant je n’ai perdu personne à Paris, mais mon pays, ma patrie a été attaquée, et je ne peux ressentir autre chose que de la tristesse pour ces familles, de la colère contre ces fanatiques, de la révolte contre cette terreur qui nous fait trembler. Merci pour ces quelques lignes bien écrites et Ô combien représentatives de ce que je ressens. La peur d’avoir donné la vie peut-être (sûrement) un peu égoïstement et de ne pas être capable de la protéger. Que nous réserve l’avenir? Je n’en sais rien, mais il y a une chose que je sais : aucune bombe, aucune menace, aucun illuminé ne nous empêchera nous, Français, de vivre, et de vivre libres. Bises

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *